d'Antonio Munoz Molina. Gagnant du prix Jean Monnet 2012. Ne pas avoir peur du pavé, c'est un très bon livre. Grâce à lui, j'ai enfin compris ce qui s'était passé pendant la guerre d'Espagne.
J'avais dû être malade au moment du cours, c'est pas possible. Dans la plupart des conflits, on retrouve deux antagonistes, mais là il y en a bien plus, qui se détruisent les uns les autres.
Revenons au roman. Un architecte madrilène tombe amoureux d'une américaine au début du conflit. A travers leurs histoires, leurs chemins de vie, le lecteur découvre plusieurs sociétés. Celle de
l'Espagne des grandes villes, celle des campagnes reculées, celle de New-York. Très belle cartographie de ces mondes qui se côtoient en s'ignorant. L'architecture est le fil conducteur du roman,
et il est de très belles pages sur les perspectives des architectes,, qui mêlent savoir faire, imagination et idéologie. Vraiment très intéressant.
C'est aussi un auteur en couleur, décrivant les paysages ou les scènes avec une palette de peintre. Les chemises brunes, noires, rouges, bleues claires, bleues foncées, souvent citées, éclairent
la vision de ce Madrid en guerre.
De plus, Munoz Molina est l'auteur de l'exil, il sait fort bien raconter les regards vides de ceux qui sont partis de chez eux, les chaussures éculées à force de marcher dans les rues inconnues,
les petits souvenirs que l'on traîne au fond des poches. Lorsqu'il décrit son héros se tapotant sans cesse pour savoir où sont ses papiers, le lecteur ne peut qu'entrer en empathie avec le
personnage. Déjà dans Séfarade, l'auteur avait fort bien narré l'exil et les mythes s'y rattachant, dans ce livre c'est encore plus fort puisqu'on le vit avec les personnages.
Vraiment très beau livre, le prix qu'il va recevoir est mérité, comme chaque année. Bravo.