de Sorj Chalandon. Voilà un beau livre, à lire, à offrir, et plus.
Un jeune bobo parisien relève le pari d'un ami malade, monter Antigone dans Beyrouth en feu, avec des acteurs multiconfessionnels. Il nous entraîne avec lui dans la ville détruite, sur les pas de la petite maigre. C'est magistral. Même si nous ne comprenons pas mieux la folie de la guerre après, le regard que nous portons sur notre monde change. Superbe.
Voici un livre complètement différent. Une histoire d'amour qui démarre sur les chapeaux de roue ou une peau de banane. Le prince charmant devient harassant et la belle complètement folle. Tous, amis et famille, lui disent qu'il est génial, et elle qu'il est fatal.
Qui a raison ? Pour ça il faut lire, même si cela met mal à l'aise. Très bon bouquin.
L'idée de départ est originale, une femme se réveille chaque matin en ayant oublié un pan de sa vie. Elle ne se rappelle que de son enfance. L'homme qui est près d'elle est obligé de lui dire qui
elle est, son âge, etc. Confusion horrible. Sur les conseils d' un médecin, elle écrit son journal et tous les souvenirs qui remontent. Le lecteur découvre avec elle sa vie.
Superbe. Un rien angoissant quand même.
Je cherche la définition du polar car là, c'est plutôt psychologique qu'autre chose. Mais bon, cela n'empêche pas de se régaler à lire ce livre.
J'aurais une autre question, les livres seraient-ils devenus des objets à usager unique ? Pourquoi ? Car depuis quelques temps, après une ou deux lectures, les brochés se déglinguent, les pages
s'arrachent, la colle ne tient pas. Les générations futures n'auront pas le plaisir de retrouver des vieilleries, comme dans Le jeu des perles de verre. Dommage.
De Gilles Legardinier. Voilà un roman léger et fort sympathique, une histoire de oufs; Un anglais désabusé se fait engager par une dame ex-riche comme majordome. Et l'histoire commence,
virevolte, avec beaucoup d'humour et d'amour. Un petit oeil critique sur nos façons de faire et de parler, et le tour est joué.
Ken Follett. La suite de la chute des géants, période 39-45.
Bon, le début fut plutôt laborieux je l'avoue, et je m'y suis reprise à plusieurs fois. Mais passer les 400 premières pages (toujours copieux Mr Follett), ça démarre à fond les ballons. Et c'est
prenant. Bien sûr nous connaissons pas mal de choses sur cette période, mais la façon dont l'auteur balaye la guerre depuis plusieurs pays est fort intéressante. Un bémol quand même, tous les
protagonistes font de la politique et s'en sortent plutôt bien socialement parlant. C'est quand même une source de renseignements.
Bon, il y a des clichés aussi et des trucs un peu lourds. Evidemment les américains se retrouvent à Pearl Harbour quand ça explose, à Berlin quand les Russes arrivent. N'empêche, on se laisse
prendre à la lecture. Il faut juste un peu de courage.
Un passage que j'ai beaucoup apprécié, parce qu'il est drôle et juste, c'est lorsque l'espion russe revient des USA et ramène à sa femme un catalogue style La redoute, et qu'ils découvrent tout
ce qu'il est possible d'acheter là-bas.
XY de Sandro Veronesi. Voilà un polar déjanté fort agréable. En deux mots, un
village au fin fonds de l'italie, sans réseau mobile ni tv, un curé et une psy borderline. Voilà les principaux personnages. Et ça brasse. De très belles réflexions sur la vie, sur l'amour, sur
la communauté (pas européenne celle du village) et le prendre soin des autres. Superbe.
Pour les fous du polar, il y a du sang, ne vous inquiétez pas, mais pas d'inspecteur bistruc pour éclaircir le mystère.
C'est vraiment original et profond. A ne pas louper.
Un couple, puis leur entourage. Des petites scènes, dialogue ou monologue. Le début est hilarant, que ce soit dans le supermarché ou au lit, c'est génial. Et puis on tombe vite dans le bobo
parisien, avec parfois de très beaux passages. Ils bossent, couchent à droite et à gauche, s'aiment quand même, se maltraitent quand même, vivent, meurent. Pas mon préféré.
Et si c’était simplement une histoire que se racontait une petite fille, qui s’appellerait comme toutes les petites filles. Elle a une maman très belle et très forte et un petit père
insignifiant, qui ne se passionne que pour les champignons. Et dans le délire onirique de l’enfant, quand elle sera plus grande, tout s’inversera, elle sauvera son père tremblant (alcoolique
comme le beau-père de Peter Handke ? ) par ce qu’il lui a appris, les champignons. Quel est l’enfant qui ne se soit pas inventé d’autres parents, un jour, le roi et la reine pour l’héroïne
du récit, mais qui sait déjà qui sont ses vrais parents. Ce serait plutôt un conte d’enfant, qui se dit que dans quelques années elle aimera son père au grand jour, l’aimant déjà mais ne voulant
pas se l’avouer, ayant honte de sa différence et de ses maladresses, de ses phrases trop longues et de sa passion mycologique. Le sauvetage grâce aux champignons, vus par l’enfant comme des
lutins, par le père comme des diamants, est significatif. Grâce à ce qu’il lui a appris, elle sauve son père et tous les fugitifs. Le monde de la ville se parle autour des champignons, pas pour
se disputer mais pour se souvenir. Quel bel hymne à la transmission !
Témoignage d’une expérience culturelle dans la banlieue nantaise : le Crieur. Cela aurait pu être désagréable à lire, jour après jour les comptes-rendus des criées et les textes. Cela ne
l’est pas, bien au contraire. Ici aussi il y a un crieur dans la ville, de la même compagnie, et jamais je n’avais imaginé le travail que cela occasionnait en amont. Bien sûr il y a eu des
mauvaises réactions, mais je voyais cela plutôt bon enfant. Cela n’est pas le cas et montre que c’est plus social que divertissant. Bravo,